La France met le cap sur l'innovation industrielle

Publié le par wissal ben cheikh ahmed + dimassi nadia + Gobert S

 -67 pôles ont été désignés, dont 15 à vocation mondiale

-Il s’agit de faire travailler ensemble recherche publique, entreprises privées et collectivités locales.

-Le but : devenir pour chacun la « référence » dans son domaine

 

C’est une réforme importante, mais pas discrète. Jusqu’alors, comme dans d’autres domaines stratégiques, c’était dans l’intimité de quelques hautes sphères ministérielles que se dirigeait, souvent à sens unique, la politique industrielle de l’Hexagone. Fini tout cela. En s’inspirant de quelques exemples qui ont fait leurs preuves notamment aux Etats-Unis (Silicon Valley), en Inde (Bangalore), au Japon (clusters de Meti) ou en Italie (Distrelli), le gouvernement a délibérément réorienté tout l’axe tricolore du développement de l’innovation industrielle, en labellisant 67 pôles de compétitivité (sur les 105 initialement présentés).

 

D’abord, sans alles jusqu’à privatiser totalement la recherche, il s’appuie désormais davantage sur les laboratoires d’entreprise pour développer l’innovation. Ensuite, contrairement aux objectifs européens de favoriser les projets communs, il soutient l’éclosion d’une avancée franco-française. Puis en multipliant les pôles -une vingtaine aurait largement suffit-, il saupoudre, à des fins politiciennes, des initiatives manquant parfois d’envergure et fréquemment de moyens. Les crédits accordés ne sont que de 1,5 milliard d’euros sur trois ans…à peine 2,5 millions par pôle et par an.

 

Enfin en jouant à fond la décentralisation, il délègue la mise en place de ces pôles. En définitive, ce sont les capital-risqueurs, un peu, les grands industriels, beaucoup, les collectivités locales, énormément, qui vont soutenir « leurs » pôles, qui seront forcément les plus puissants, au détriment des autres. La mise en place de cette politique marque la fin du colbertisme industriel, et traduit surtout la montée en puissance des régions. Les quinzaines des pôles importants (quelle différence y a-t-il entre «dimension » et « vocation » mondiale ?) devraient en entraîner quelques autres, de quoi tracer le sillon de la recherche de demain.

 

La plupart des autres devront se cotonner à un rôle régional, pas même national, encore moins européen. Car à côté de certains critères porteurs se retrouvent des rassemblements d’intérêts parfois hétéroclites, parfois figés sur le passé. Ainsi, de la Bretagne à l’Auvergne, du Limousin à l’Île-de-France, sept pôles ont pour vocation d’innover en matière de produits carnés. La rivalité risque d’être saignante…

 

Et comme si cene saupoudrage  ne suffisait pas, après que le président de la République a annoncé cinq projets de taille mondiale financés par la nouvelle Agence de l’innovation industrielle, voilà que le gouvernement s’apprête à labelliser une nouvelle fournée de pôles. On évoque 200 projets, dont 70 retenus, sollicitant un total de 500 millions d’euros….

 

 

Source : La Tribune du 3 Mai 2006 (la CCI)

Publié dans actualité des pôles

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